Ce projet de loi, qui dans sa version initiale présentait des manques flagrants – absence de prise en compte des acteurs du logiciel libre, mauvaise appréhension des pratiques des consommateurs de culture en ligne – a connu une évolution conséquente entre le 20 décembre et le 17 mars. Nous avons ainsi obtenu, en travaillant avec le Ministre de la Culture, des avancées décisives en matière d'interopérabilité, inscrites notamment dans la nouvelle rédaction de l'article 7.

  • Pour les internautes, cela se traduit par une garantie du droit fondamental qu'est le droit de lire, grâce notamment au libre choix permis par ces dispositions des appareils et des logiciels de lecture des oeuvres protégées. De plus, il est désormais inscrit dans la loi le principe selon lequel les mesures techniques de protection (MTP) ne peuvent faire obstacle à un usage légitime d'une oeuvre.
  • Pour le logiciel libre, l'article 7 établit la non brevetabilité des MTP ; et au-delà de ce principe fondamental, nous avons inclus dans cet article 7 les mesures qui permettent d'obtenir des "standards ouverts" de MTP (les standards ouverts sont définis à l'article 4 de la LCEN), reconnaissables par tout logiciel. Nous avons également réaffirmé la liberté de publication du code source, ainsi que l'exception de décompilation qui n'est ici soumise à aucune condition.

Ces dispositions qui, nous l'espérons, seront reprises par d'autres pays et notamment au niveau européen, devraient permettre d'éviter que se constitue une offre monopolistique en matière de culture en ligne.

Certes, des interrogations subsistent dans le texte qui est soumis à notre vote :

  • Ainsi, à l’article 12bis, l’amendement Mariani-Vanneste s’attaque inutilement à la technologie du peer-to-peer. Il aurait pu être dangereux. Il sera inapplicable grâce au sous-amendement que nous avons fait voter qui protège la recherche et le logiciel libre.
  • Ainsi, pour la copie privée, le réalisme ayant commandé de renvoyer la mise en œuvre de la garantie de cette exception au collège des médiateurs.
  • Ainsi, pour l’exception pédagogique, qui se limitera pour l’heure au cadre de l’accord intervenu avec le ministère de l’Education nationale.

Mais ne nions pas le travail accompli.
Nous disposons avec ce texte de la législation la plus avancée en Europe et dans le monde en matière d'interopérabilité ; les réactions à l'étranger ne se sont d'ailleurs pas fait attendre. C'est également la législation la plus favorable au logiciel libre qui ait jamais existé. Si nous voulons consolider ces avancées, et avoir l'opportunité de jouer un rôle de leader en Europe et dans le monde sur ces problématiques essentielles, il est donc de notre devoir de députés d'approuver ce texte.

Nous faisons confiance à nos collègues Sénateurs pour suivre la voie qui vient d'être ouverte et confirmer la position novatrice de la France en faveur de la liberté du consommateur, de la libre concurrence et de la précieuse alternative que représente le logiciel libre.

Richard Cazenave, Député UMP de l'Isère
Bernard Carayon, Député UMP du Tarn