Les engagements pris par les dirigeants chinois auprès du CIO pour l'organisation des Jeux de Pékin laissaient augurer des progrès en matière de droits de l'Homme. C'est d'ailleurs une des principales motivations - l'encouragement à l'ouverture démocratique de la Chine - de l'attribution des JO de 2008 à la Chine.

Or c'est exactement l'inverse qui s'est produit jusqu'ici : internement massif de "dissidents" sur l'ensemble du territoire, contrôle inégalé de tous les moyens de communication, répression brutale et sanglante au Tibet, menaces à la communauté internationale de s'occuper de ce qui la regarde !

RC et le Dalaï LamaEn ce printemps 2008, on retrouve dans la logorrhée des dirigeants chinois les poncifs les plus éculés et les plus ringards des dictatures marxistes : les responsables des incidents seraient « le Dalaï Lama et sa clique », qui « encouragent et planifient les incidents violents sécessionnistes »... et l'on promet aux moines une « éducation patriotique »...

Quand on sait que le Dalaï Lama est critiqué par les jeunes tibétains parce qu'il se contente de demander un « dialogue avec le gouvernement chinois » pour obtenir le « respect des dispositions de la constitution chinoise sur la réelle autonomie régionale du Tibet », on mesure l'ampleur de l'imposture de la rhétorique du parti communiste chinois, et accessoirement, le peu de cas que ses dirigeants font de leurs engagements à l'égard de la communauté internationale.

Des engagements dont nous sommes en droit (et en devoir) de réclamer le respect.

Boycott ?

La cérémonie d'ouverture des Jeux est prévue pour le 8 août. Nous devons dire qu'à ce jour, les conditions de notre participation pleine et entière à ces Jeux, voire notre participation tout court, ne sont pas réunies.

Il faut que les dirigeants chinois comprennent que le mépris qu'ils affichent rend de plus en plus plausible, chaque jour, un boycott qui pour beaucoup était inenvisageable jusqu'ici ; et qu'en conséquence, nous n'excluons rien, du boycott total au boycott de toutes les cérémonies officielles, en passant par tous les moyens que l'imagination des peuples libres, combinée à la formidable tribune médiatique des JO et du direct des télévisions du monde entier, mettra au service d'une réprobation sans précédent.

Non, agir ainsi n'est pas mélanger sport et politique, c'est simplement ne pas confondre l'olympisme avec les jeux du cirque.
Agir ainsi, c'est tout simplement défendre les principes mêmes de l'olympisme et du droit international.
Agir ainsi, c'est refuser qu'ils soient foulés au pied sous nos yeux. C'est refuser que les engagements pris devant la communauté internationale ne soient que des chiffons de papier.

Oui, la France doit recevoir le Dalaï Lama. Oui, la France doit entraîner ses partenaires européens dans une voie diplomatique audible et crédible.

Et pour ceux qui hésiteraient, qu'ils se posent seulement la question de savoir quel goût auraient des Jeux Olympiques sur fond de répression au Tibet ; et qu'ils réfléchissent aux questions que leurs opinions publiques leur poseraient alors.


Photo : le Dalaï Lama à mes côtés lors d'une visite à l'Assemblée nationale, alors que j'étais Président du groupe d'étude sur le problèmes du Tibet.