Ayant vu dans la presse que Christian Estrosi tenait une réunion à Grenoble, je me suis rendu mardi 22 à l'hôtel Président pour l'écouter.

Et puisque le ministre de l'industrie, par ailleurs conseiller politique de l'UMP, nous a à cette occasion fortement invités à participer aux débats et à exprimer en toutes occasions nos idées et nos convictions (dont la diversité est si précieuse au sein du grand mouvement populaire et ouvert que se veut l'UMP), qu'il me soit donc permis de livrer ici quelques réactions aux propos entendus lors de cette soirée.

Car, si j'adhère pour l'essentiel à l'action conduite depuis bientôt deux ans par le Président de la République et le gouvernement, je suis plus que réservé sur un certain nombre de décisions, et je suis parfois choqué par la manière dont cette action nous est présentée et restituée.

Ainsi, Christian Estrosi, dans son élan thuriféraire, se laisse parfois emporter au point de dire par exemple que « le nom du Président français, qui était jusqu'à ce jour inconnu de la plupart des dirigeants de la planète, est désormais, grâce à Nicolas Sarkozy, connu de tous ».

Oubliés, l'action de Jacques Chirac, la position courageuse de la France sur la guerre en Irak, les choix défendus dans toutes les enceintes internationales depuis plusieurs années en faveur de la taxe carbone ou de la taxe sur les transactions financières sur lesquels prospère aujourd'hui la position française, et auxquels la crise financière et économique actuelle a donné raison.

Et si, par son talent et son énergie, Nicolas Sarkozy emporte aujourd'hui une adhésion en Europe et au G20 sur ces questions, il le doit également au fait que notre pays a su, de longue date, se forger une image internationale qui lui donne un poids et un rayonnement bien au delà de son PIB !

De même si l'on en croit Christian Estrosi la droite n'avait jamais été capable avant Nicolas Sarkozy de conduire des réformes :

  • oubliée la réforme des retraites (cela doit faire plaisir à François Fillon),
  • oublié le statut de France Télécom ou d'EDF,
  • oubliées la réforme de la Sécu, les lois de décentralisation, les réformes fiscales de Balladur, la diminution de la délinquance commencée avec Jean-Louis Debré en 1995, etc...

Et, si le bilan de la droite était si mauvais en 2007, comment expliquer que les français aient choisi de la reconduire aux responsabilités nationales ?

Oui, Nicolas Sarkozy a mené une campagne intelligente en 2007 (qui n'était autre qu'une version moderne et médiatique de l'éternel thème du changement dans la continuité), mais prétendre que rien ne s'était fait avant est une caricature assez insupportable.

Quant à l'action conduite depuis 18 mois, m'est il permis de dire que je considère par exemple : que la suppression de l'ISF eut été plus efficace économiquement et au total moins injuste que le bouclier fiscal, que la loi Hadopi est une loi de pure gesticulation, que le travail du dimanche n'a pas soulevé mon enthousiasme ?

Mais le summum fut atteint sur les questions locales lorsque le ministre par ailleurs employeur de Fabien de Sans Nicolas et ami de l'ancien président de l'UMP Isère, avouait ne pas comprendre comment une ville comme Grenoble pouvait être dirigée par le parti socialiste !

Apparemment l'UMP n'a pas souvenir d'avoir provoqué la perte de la première circonscription par ses choix judicieux d'investiture, lesquels on été bien sûr sans conséquence sur le score mémorable de la droite aux municipales et la perte des deux cantons qu'elle détenait à Grenoble !

Une chose est de se faire plaisir devant une assemblée de militants qui sont là d'abord pour témoigner leur soutien à l'action du Président et du gouvernement. Malgré mon exclusion de l'UMP j'estime faire toujours partie de cette grande famille de militants car je n'ai jamais varié dans les valeurs et les convictions qui ont guidé fidèlement mes choix politiques.

Une autre chose sera de créer les conditions de la reconquête de Grenoble et de l'Isère.

Il y faudra d'autres arguments, l'emporte-pièce n'étant pas dans la culture grenobloise.

Et il y faudra une autre crédibilité, fondée tout à la fois sur un projet et sur des personnalités disposant de compétences et d'une aura à la hauteur de leurs ambitions...