Philippe Séguin aurait pu prétendre aux plus hautes destinées.


Dans sa génération d'hommes publics il est sans doute celui qui nous a le plus marqué par l'intensité de ses convictions, par la force de son caractère.

Un caractère à son image, tout d'un bloc, qui a été aussi sa faiblesse... Car ce républicain intransigeant a, à plusieurs reprises, alors qu'il tenait dans ses mains les clefs de la réussite suprême, brisé lui-même un destin qui semblait tout tracé.

Aussi éclatant dans son rire qu'il pouvait être sombre dans ses pensées, j'ai aimé cet homme qui dissimulait si mal ses sentiments.

Avec Philippe Séguin à Grenoble en 1990

J'ai aimé aussi chez lui son parcours.

Lui, le petit tunisois, par ses seuls mérites, aura trouvé dans l'école de la République le moyen de se hisser sur les plus hautes marches de la réussite sociale et de la reconnaissance publique.

C'est cette République-là, celle du mérite et non de la naissance, celle qui autorise à chacun, quelle que soit son origine, les plus belles ambitions.

C'est à cette France-là qu'il était viscéralement attaché.


En trente années de vie publique nos routes ont été souvent communes, et parfois complices.

Le dernier sourire, la dernière poignée de main que nous avons échangés datent à peine d'un mois. Jacques Chirac nous avait rassemblés autour de Sylvie Gir, la secrétaire générale du groupe U.M.P à l'Assemblée Nationale, à laquelle il remettait la Légion d'Honneur. Un groupe (R.P.R) que Philippe Séguin avait présidé avant d'accéder aux fonctions de Président de l'Assemblée nationale.


Sa disparition me touche profondément, comme elle affecte je pense tous ceux qui l'ont côtoyé et aimé. Et cette haute figure qui nous quitte aujourd'hui est, incontestablement, aussi une perte pour notre pays et pour notre vie publique.