Comptes publics - comptes sociaux : le PS est-il encore un parti de gouvernement ?
À voir les premières escarmouches autour des solutions à apporter aux gravissimes déficits qu'atteignent tant les comptes du budget de l'État que les comptes sociaux (Sécurité sociale et retraites) on est en droit de se demander si le parti socialiste ne s'est pas mépris totalement sur le message des urnes à l'occasion des élections régionales.
Oui, l'UMP a subit un revers électoral sans précédent dans l'histoire de la Vème République, et je n'ai pas été parmi les plus tendres pour en donner les explications. Mais cela autorise-t-il le PS à faire l'économie d'une démarche de responsabilité dans les difficultés majeures que notre pays doit affronter ? Je ne le crois pas et je pense qu'une majorité de Français ne peut être que consternée par ses prises de position récentes.
Budget de l'État
À la fin 2009 le déficit public annuel avec 143,8 milliards d'euros a atteint les 7,5 % du PIB et dépassera 8,2% en projection pour 2010.
Rappelons-nous : la relance décrétée en 2008 et 2009 pour faire face à la crise économique par le gouvernement était jugée par le PS très insuffisante, et le grand emprunt (que j'ai trouvé pour ma part anachronique) beaucoup trop modeste !
Quelles solutions proposent-ils aujourd'hui ? supprimer le bouclier fiscal ? Même si je ne suis pas un partisan du bouclier fiscal, cela représente seulement 500 millions d'euros sur les 100 milliards qu'il faudrait trouver en trois ans pour revenir à 3 % de déficit...
Faire payer les riches ? Ils sont déjà partis avec leurs fortunes, notre pays étant le dernier à pratiquer l'impôt sur l'impôt qui s'appelle ISF et qui nous coûte cher en croissance perdue.
Dans ces conditions, refuser de diminuer de façon drastique les dépenses publiques de fonctionnement est faire preuve d'une grande démagogie ou d'une grande incompétence. D'autant que dans bien des pays les sociaux-démocrates ont montré l'exemple d'une gestion moderne et défonctionnarisée des services publics.
Retraites
En 1970 il y avait 2,5 actifs pour 1 retraité, il y en a 1,5 aujourd'hui, 1,2 en 2020. Le système de solidarité par répartition, que certains économistes comparent au système Madoff (cela tient tant que les derniers acceptent de payer pour les premiers) court à une faillite certaine qui fait dire à la Cour des Comptes : « la baisse des taux de remplacement procurés par la répartition est une certitude. Rien ne l'enrayera ».
Déficit prévu en 2020 (dans 10 ans) : 50 milliards.
Là encore la réponse du PS est d'une simplicité consternante : faire payer les riches. En général il s'agit en fait des classes moyennes qui ont épargné en assurance vie ou sur certains fonds de placement et qui n'ont pas, eux, les moyens de s'expatrier.
Sécurité Sociale
La loi de financement de la Sécu prévoyait un déficit de 10,5 milliards pour 2009. Il a atteint 23,5 milliards et contrairement à la période 2004/2008 qui décrivait une trajectoire de retour à l'équilibre, la trajectoire d'aujourd'hui nous conduit vers une explosion du déficit.
Peut-on là encore se contenter de dire qu'il faut trouver des nouveaux modes de financement ?
En réalité l'heure est grave. Le rapport de Jacques Attali (pourtant ancien conseiller du Président Mitterrand) donne les prémices du scénario de science-fiction qu'avaient décrit en 2007 Philippe Jaffre et Philippe Riès dans leur livre « Le jour où la France a fait faillite ».
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Alors certes je ne crois pas comme d'ailleurs la plupart des observateurs sérieux :
- que la France puisse réellement réaliser 100 milliards d'économie en 3 ans.
- que l'allongement de la durée des cotisations retraite puisse être le seul remède au déficit du régime.
- que le transfert vers les mutuelles ou assurances d'une part des dépenses de SS suffise a assurer la pérennité du système.
Je crois même qu'il serait nécessaire de trouver de nouvelles ressources, si par exemple un accord pouvait intervenir entre Européens et Américains sur l'instauration d'une taxe « Tobin » sur les transactions financières.
Mais je crois tout aussi nécessaire de moderniser de fond en comble la gestion de nos services publics, de fusionner les échelons administratifs redondants, de hiérarchiser les priorités de l'action publique, de responsabiliser chacun devant les quasi-certitudes qui attendent nos régimes de retraite, ou encore de mieux séparer ce qui relève de la solidarité nationale de ce qui relève de la responsabilité personnelle.
Faire croire aujourd'hui que l'heure n'est pas à la remise en question en profondeur de nos modes de gestion est encore une fois à mon sens passer complètement à coté du vent de l'histoire.
Commentaires
On peut toujours accuser la crise financière, mais je nai pas limpression que Sarko ait eu à cur de préserver léquilibre budgétaire :
* quand il était ministre de léconomie, il a sciemment creusé le déficit en surévaluant grossièrement les prévisions de croissance (il travaillait alors bien plus à la prise de contrôle de lUMP que pour Bercy) ;
* dès le début de son mandat présidentiel, il avait clairement annoncé quil prendrait quelques libertés avec le pacte de stabilité, au grand dam de lAllemagne ;
* dès le début de son mandat, il saccorde une augmentation de 172% et explose le budget de lÉlysée, donnant là un bel exemple de gestion responsable des deniers publics ;
* il annonce un grand emprunt *avant* de se demander à quoi il pourrait servir, encore bravo !
* les niches fiscales coûtent 75 milliards deuros par an à létat Sarko en a instauré plusieurs avant dêtre président, et la TVA à 5.5% dans la restauration coûte 3 milliards par an (soit léquivalent des recettes de lISF).
La démagogie présidentielle coûte décidément bien cher à lÉtat !
Je trouve idiot de renoncer au bouclier fiscal je ne vois rien dinjuste dans le fait de ne pas payer plus de 50% de son revenu en impôts dautant que cest une mesure purement politicienne. Par contre, et vu le plan de rigueur quon impose à la Grèce, je ne comprends pas quon ne sattaque pas plus rapidement aux 75 milliards de niches fiscales.
« Le système de solidarité par répartition, que certains économistes comparent au système Madoff (cela tient tant que les derniers acceptent de payer pour les premiers) [ ] »
La comparaison avec le système Madoff me semble pertinente, malheureusement. Parmi les pistes évoquées actuellement, je ne comprends pas pourquoi la retraite par capitalisation na pas été envisagée en complément du régime de répartition ? La solution ne menchante pas, mais à moins dallonger la durée de travail de 10 ans (et encore faudrait-il que les entreprises donnent du travail aux sexagénaires ), je ne vois pas comment on pourra sen sortir autrement.
« Dans ces conditions, refuser de diminuer de façon drastique les dépenses publiques de fonctionnement est faire preuve d'une grande démagogie ou d'une grande incompétence. »
Martine Aubry avait commencé par reconnaître quil faudrait envisager de reculer lâge du départ à la retraite à 63 ans avant de se raviser. On peut sinterroger sur lincompétence des socialistes, mais leur souci de démagogie ne fait aucun doute. Cest regrettable, mais je noublie pas pour autant quen matière de démagogie, Sarkozy a mis la barre très haut.
@ JKlb
Même si ne pas payer plus de 50% de ses revenus en impôts paraît assez proportionné, le principe même du bouclier fiscal est profondément injuste, en particulier dans des périodes de crise où les déficits se creusent et où augmenter l'impôt devient inévitable. Avec le bouclier fiscal, ça signifie qu'on va augmenter les impôts de tout le monde, sauf des plus riches. L'eff queort fiscal sera alors concentré sur les classes populaires et les classes moyennes, qui souffriront donc davantage encore de la crise.
De plus, même en mettant la solidarité de côté, il faut prendre en compte la disproportion de cette mesure. Le bouclier fiscal version Sarkozy ne fait pas que baisser le plafond à 50% ; il inclut aussi CSG et RDS, qui n'étaient pas initialement dans l'assiette de calcul du bouclier à 60% version Villepin. Cela représente une baisse beaucoup plus importante (sur cette base le bouclier serait désormais à 34% et non 50%).
En matière fiscale, on pourrait d'ailleurs revoir pas mal de choses profondément injustes : les multiples niches qui sont loin d'être toutes justifiées ; l'ISF, qui frappe injustement des personnes dont la seule richesse est leur domicile (dont la valorisation peut dépasser très largement le coût auquel il a été acquis bien des années auparavant, cf île de Ré) ; ou encore les exonérations de charge pour les entreprises dont la Cour des Comptes affirme depuis plusieurs années qu'elles n'ont jamais eu le moindre effet perceptible sur la croissance et l'emploi tout en coûtant très cher au contribuable.
Je suis bien sûr pour encourager l'entrepreneuriat, l'emploi, le travail, l'investissement ; tout cela me paraît essentiel pour la dynamique économique d'un pays et pour avoir les moyens d'une politique sociale équitable. Encore faut-il lorsqu'on concède des avantages fiscaux que la société dans son ensemble en retire un bénéfice.
Il faudrait se pencher honnêtement sur ces questions et avoir le courage de prendre les bonnes mesures d'ajustement afin d'établir un système fiscal cohérent, proportionné, juste et efficace.