GRENOBLE la question sécurité et tranquillité publique et sa réponse
Bonjour,
Veuillez trouver ci-dessous dans son intégralité, la question que j'ai posé au Maire de Grenoble, lors du Conseil Municipal du Lundi 19 octobre sur le thème de la sécurité et tranquillité publique. Vous pourrez ainsi mesurer deux choses : -l'écart entre ce que j'ai dit et ce qui en a été retranscrit par la presse -l'esquive d'Eric Piolle, ses non-réponses sur le fond, le responsable selon lui étant Nicolas Sarkozy et la baisse des effectifs de fonctionnaires avant 2012; il se trouve que c'est à Grenoble et en 2015 que ce que je relate se produit !...
Voilà maintenant 18 mois que vous êtes à la tête de cette municipalité.
18 mois au cours desquels les commissions du Conseil Municipal n’ont jamais été saisies d’un état des lieux, d’une réflexion et d’un projet concernant la sécurité et la tranquillité publique à Grenoble.
Ce que nous savons de votre politique en la matière résulte donc pour l’essentiel de vos déclarations dans la presse ; voilà pourquoi je saisis la possibilité offerte par la procédure des questions pour vous entendre.
N’ayant recours à aucun simplisme ni coup de menton, mais à des faits étayés, des affirmations et des chiffres vérifiables, des rapports officiels et des propositions argumentées, cette question vous ayant été remise il y a 5 jours, un délai conforme à notre règlement, n’ayant pas de surcroît la possibilité de réagir après vous, même brièvement, j’espère une réponse sérieuse, loin des effets de manche et des postures convenues.…
Car, de toute part, les signaux se multiplient ; ils sont très alarmants.
Ils attestent, sans contestation possible, d’une véritable explosion des faits, d’une criminalité de plus en plus arrogante et menaçante, d’une délinquance de plus en plus agressive et impunie.
Contester cela serait nier les chiffres officiels révélés début 2015 par Monsieur Jean-Yves Coquillard, Procureur de la République de Grenoble :
Cambriolages + 9,45 %, atteintes aux personnes+ 13 %,vols avec violence +41 % !…
Ce serait également nier la multiplication des appels à l’aide venant de nos concitoyens, de plus en plus confrontés dans leur quotidien à des atteintes de plus en plus insupportables à leur tranquillité, à leur sécurité, profondément inquiets d’une dérive qui s’accélère, qui entrave leur liberté et que rien ne semble pouvoir contenir.
Vous allez me dire que cette situation n’est pas nouvelle. Que Grenoble n’en a pas l’exclusivité.
Que les causes en sont multiples, chômage, précarité. Bref, que la responsabilité est à chercher avant ou ailleurs…
On ne saurait se contenter de telles esquives pour les raisons suivantes :
1/ Vous ne venez pas de « naître » à la vie publique; depuis 20 ans - de 1995 à 2007 et depuis 2014, le groupe politique dont vous êtes issu a géré ou cogéré Grenoble pendant 14 ans -; 14 ans pendant lesquels les efforts considérables faits dans la prévention avaient tout le temps de produire les effets escomptés !
Nous n’en contestons pas d’ailleurs l’utilité, Mais n’est-il pas temps d'admettre également, sauf à refuser l’évidence, que, sans une effectivité de la sanction, sans une répression efficace, ce ne sont que « paroles verbales » ?
D’ailleurs nous attendons toujours, 18 mois après votre installation, que vous nous exposiez les nouveaux critères censés présider à l’octroi des subventions municipales et produire des résultats plus tangibles dans le champ de la prévention, de l’éducation à la citoyenneté et du partage des valeurs républicaines …
De même que nous attendons toujours vos décisions concernant ce fameux renforcement de la présence humaine – non policière –, que vous aviez annoncé comme la « vraie alternative »…
Bien au contraire, ce sont des signaux négatifs, venant de l’Hôtel de ville, qui se sont multipliés :
-Abandon du bien trop timide projet de développement de la vidéosurveillance de votre prédécesseur. Vous allez sans doute me répéter qu’elle ne sert à rien qu’elle est coûteuse…
Mais la réalité est tout autre .
Des exemples de collectivités de tous bords politiques en attestent très concrètement.
Et une étude de l’I.G.A portant sur 5 millions d’habitants, sur une période de 9 ans, le confirme officiellement :
dès lors qu’elle n’est pas un dispositif « alibi » (environ une caméra pour 2000 hbt), qu’ elle repose sur un diagnostic et une stratégie partagée dans un bassin de vie (pas d’effet »plumeau), que les acteurs sont formés à ce « métier », la vidéo-protection estefficace(…) l’impact le plus significatif concerne les agressions contre les personnes où la progression a été la mieux contenue dans les villes équipées de vidéo-protection »
Quant à son coût, l’argument ne tient pas quand on est capable de se priver d’une recette de 600 000 € des panneaux Decaux et des colonnes Morris et de dépenser des sommes non négligeables pour leur substituer des totems bricolés, coûteux et à l’esthétique douteuse…
Il ne tient pas quand on administre une collectivité dont les dépenses de personnel, déjà supérieures de 25 % à la moyenne de la strate, ont encore augmenté de 8 M€ depuis votre arrivée …. (138 M€ au BP 2015 contre 130M€ réalisés en 2013, plus de 6%, dans les bureaux et pas sur le terrain pour la sécurité ou la propreté).
-Autres signaux négatifs, ces déclarations indiquant qu’il était déconseillé, voir même clairement interdit dans certains cas à la police municipale de s’aventurer dans certains quartiers !
-Et encore récemment le 29 mai 2015, toujours de votre première adjointe, dans Place Gre’net :
« Actuellement mettre des correspondants de nuit à Mistral c’est impossible ; leur sécurité n’est pas garantie » !
Comment de tels propos pourraient-ils être interprétés autrement que comme un aveu d'impuissance confortant les fauteurs de troubles ?..
Quant aux « publics de la rue » ces cabossés de la vie, la compassion que vous leur témoignez dans vos déclarations vous honore, mais, pour ceux qui leur prêtent attention depuis longtemps et n’ont pas de leçon d’humanisme à recevoir, , nous serait-il interdit de nous interroger sur les raisons qui les amènent à converger aussi nombreux et d’aussi loin dans notre ville ?
Répondre que Grenoble n’aurait pas l’exclusivité de ces problèmes ne vous exonère pas davantage, et ce pour au moins trois raisons :
–En soutenant la politique pénale de Madame Taubira, comme vous ne manquez pas de le faire avec constance et conviction, vous cautionner un ministre de la justice dont la politique produit des effets particulièrement délétères…cela en amplifie aussi les conséquences à Grenoble…
–En cogérant avec les socialistes la métropole grenobloise, vous ne pouvez pas d’avantage vous exonérer des choix opérés par vos alliés métropolitains à Paris ! Ou de leur inaction…
D’ailleurs ne serait-on pas en droit d’attendre que notre métropole, qui prétend construire une ville apaisée, se préoccupe de bâtir une coopération intercommunale susceptible d’apporter la paix dans notre bassin de vie ?
–Mais, plus encore, n’êtes-vous pas – tout comme nous –, frappé par l’accélération spectaculaire d’une dérive impactant plus spécifiquement Grenoble, au point de nous valoir d'être distingué à ce titre par des média nationaux, une distinction dont nous préférerions nous passer ?
-Enfin, alors que Grenoble se hisse sur le podium national de la délinquance, et fort loin
d’en sembler prendre conscience, vous déclarez dans la presse le 26 septembre 2015 : « il n’y a pas de zone de non-droit Grenoble »
Vous avez pourtant reçu comme moi, bien que vous ne les ayez jamais honorés d'une réponse, les appels à l’aide par exemple des habitants des Eaux Claires et des riverains de la rue Painlevé pour « tapage nocturne, conduite dangereuse, déversement d’ordures sur la voie publique »
Je cite : « nous ne pouvons que constater que cette rue fait partie d’une zone de non-droit : je suis stupéfaite d’apprendre que notre quartier se situe dans un quartier sensible de Grenoble dans lequel l’intervention de nuit de la police municipale est exclue ! Quant à la police nationale elle est bien trop occupée à gérer des faits plus graves »
Boulevard Vallier, Isabelle P nous dit « aujourd’hui j’ai parfois peur de sortir en journée avec mes enfants à cause des fous qui roulent en scooter sur les trottoirs. Même rester au parc de la Savane est risqué. »
Delphine M : « un scooter sur la piste cyclable qui roulait sans casque a bien failli me prendre mon petit garçon »
Juliette C : « la situation ne fait que s’aggraver et nous sommes abandonnés par les autorités »
Sophie L : « je vois régulièrement une voiture de police se faire insulter et empêcher d’entrer dans ce quartier sans jamais voir de renfort arriver »
Et je pourrais multiplier les exemples et les témoignages que je tiens à votre disposition;
Quartier Capuche, boulevard Foch et square Mangin, rue de la république (Maison du Tourisme !), quartier Saint-Bruno, place Terray, rue Irvoy, village olympique. Mais aussi les squatters et shootés et alcoolisés qui se sont appropriés de nombreux espaces publics place Grenette, jardin de ville, Monoprix, Alsace-Lorraine, Kstore…. Quant au quartier gare, la première vision de notre ville offerte aux visiteurs est celle des proxénètes qui se disputent en plein jour le territoire, traitent ostensiblement les pauvres filles comme des esclaves, et menacent physiquement les riverains qui s’en offusquent !
Sur la seule rubrique des faits divers de la presse, partie émergée de l’Iceberg, c’est en moyenne 20 faits par semaine !...
Votre réponse jusqu’à ce jour a consisté à répéter, encore le 29 mai 2015 par votre première adjointe à Place Gre’net « nous avons clarifié les missions de la police municipale pour les mettre en cohérence avec notre projet politique, notre vision, qui dit que la compétence communale s’articule autour de la notion de tranquillité publique et pas de sécurité. La sécurité, tout comme le maintien de l’ordre, est une mission régalienne qui relève de la police nationale et des fonctions de justice. »
Alors, à défaut de participer à la sécurisation de l’espace public, on serait donc en droit d’attendre, sur la base de vos déclarations, que la police municipale soit au moins en capacité de garantir le respect de la tranquillité publique :
donc le tapage diurne -et nocturne... donc les rodéos en pleine ville
donc les scooters sur les trottoirs.... donc le comportement anarchique, contre-exemple des règles du civisme, de nombreux cyclistes
donc les chiens dangereux en liberté.... donc les problèmes de salubrité publique, les poubelles renversées, le spectacle offert aux enfants dans les rues et jardins publics de personnes shootées et avinées…
Mais, même cela, la simple tranquillité publique, une police municipale aux effectifs insuffisants (97 policiers, soit un pour 1700 habitants alors que le seuil de crédibilité est à 1 pour 1000 hbt, une démotivation et un absentéisme grandissant ; il nous manque 60 pm…), une PM dont les moyens de défense actuels sont particulièrement inadaptés (d’où les patrouilles par 4, car par 2 ils n’étaient plus en sécurité !), une telle organisation n’est pas en situation ni en capacité de l’obtenir !
Quant à la nuit, la police nationale, elle aussi en sous-effectif (à quoi servent vos alliés métropolitains à Paris ?), elle est débordée et répond aux appels selon la gravité des situations…
Dans ces conditions, attendre de la PN qu’elle fasse à la fois son travail contre la criminalité et l’insécurité et qu’elle gère les insuffisances de la police municipale en matière de délinquance ordinaire et de tranquillité publique, relève du vœu pieu, d’une posture intenable .
C’est un fait un sophisme particulièrement criant…
On le voit ; la distinction entre sécurité et tranquillité publique est assez spécieuse et peu réaliste :
Mais, si vous persistez à maintenir cette fiction, alors, faites au moins en sorte que, de jour comme de nuit, la police municipale soit en capacité d’agir pour faire respecter en tous lieux du territoire grenoblois la tranquillité de nos concitoyens.
Des citoyens qui payent les impôts les plus élevés des grandes villes de France et qui sont en droit d’attendre une action déterminée et des résultats.
A moins que la « ville apaisée » ne soit qu’un slogan de campagne de plus, un slogan vide de sens ?
Il est encore temps, - il est plus que temps -, de reprendre votre réflexion à la lumière des réalités, de réorienter votre action et de donner à notre collectivité la feuille de route claire –ni coups de menton, ni laxisme, et les moyens permettant d’apporter à nos concitoyens des réponses à la hauteur des nuisances qu’ils endurent ;...
C’est l’espoir que je forme aujourd’hui en me faisant l’interprète auprès de vous de grenoblois de tous horizons et de toutes opinions…