Comme je l'ai indiqué dans mon billet du 18 janvier[1], le gros de la crise financière est désormais derrière nous. La question de la compétitivité, elle, reste à traiter.

C'est le but des mesures décidées par le Président de la République et annoncées ce dimanche 29 janvier. Il ne s'agit pas de s'aligner sur les salaires et les conditions de travail chinois, mais bien de se hisser au niveau de notre principal partenaire et concurrent en Europe, notre voisin allemand.

Je ne reprends pas ici tous les indicateurs présentés dans ce précédent billet. Ceux-ci montrent de façon très claire une perte de compétitivité, amorcée il y a 10 ans et due notamment :

  1. à l'absence d'adaptation de notre outil de production et du droit du travail aux nouvelles contraintes économiques, les marges de négociations sociales ayant été réduites à néant par les 35 heures obligatoires ;
  2. à nos choix budgétaires et politiques qui ont privilégié la consommation sur la compétitivité, d'où la croissance des importations et le déficit de notre balance extérieure ;
  3. à un développement insuffisant de nos PME (4 fois plus à l'export en Allemagne qu'en France).

Les mesures annoncées vont incontestablement dans le sens d'une correction de trajectoire :

  • ainsi en est-il du transfert d'une partie des cotisations sociales du travail vers la consommation, et ce par une augmentation de la TVA de 19,6 à 21,2 %, celle qui porte sur des produits aujourd'hui importés pour les ¾ d'entre eux.
  • ainsi en est-il de la liberté de négociation sur le triptyque emploi – salaire – temps de travail, du développement de l'apprentissage et de la volonté de mieux accompagner financièrement les PME.

J'aurais peine à les contester, étant de ceux qui en prônaient la mise en place dès le début du quinquennat. Elles permettront, tous les experts sont pour une fois d'accord, le maintien ou la création de 200 000 à 300 000 emplois.

Fallait-il les prendre aujourd'hui ?

Elles ne seront effectives que dans un calendrier qui dépasse les échéances présidentielles et par conséquent l'effet négatif de l'annonce ne sera compensé par les aspects positifs que d'ici un ou deux ans...

Fallait il les différer ?

Je suis de ceux qui pensent – pour de multiples raisons - que nous ne pouvons pas attendre davantage pour envoyer le signal d'une reconquête de la compétitivité du site de production France, même s'il est difficile d'imaginer en retirer un bénéfice politique immédiat…

« Stop ou encore » a dit le Président ; si c'est « stop », le candidat socialiste, qui se dit hostile à ces mesures, devra nous expliquer comment il pense pouvoir enrayer l'hémorragie de nos emplois en refusant de mettre en place ce qui permettrait de restaurer la compétitivité du site France.

Nous voilà au coeur du débat. Un simple moulinet de bras ne peut constituer une réponse acceptable !