Europe : dire NON... au NON !
Je n'arrive pas à comprendre au nom de quoi, ceux qui ont accepté avec Lionel JOSPIN en 2001 le calamiteux replâtrage provisoire du traité de Nice, refusent aujourd'hui un texte qui marque des progrès considérables :
- progrès des règles de décisions à la majorité qualifiée (la thèse française l'a emportée sur celle de l'Espagne et de la Pologne…),
- progrès de la démocratie avec le renforcement des pouvoirs du Parlement, le droit d'initiative populaire et la Charte des droits fondamentaux,
- progrès de l'Europe puissance avec un Président du Conseil des Ministres pour deux ans et demi (et la fin de cette ridicule présidence tournante tous les 6 mois) et un Ministre des Affaires Etrangères.
Certes, nous souhaitions plus. Mais faut-il rappeler que nous sommes 25 à discuter et qu'il a fallu l'accord de tous ?
Certes, il est dommage que Monsieur HOLLANDE, qui veut généraliser les 35-heures obligatoires en Europe, n'ait pas réussi à convaincre ses propres camarades SCHRODER et BLAIR de l'Internationale Socialiste.
Mais rien n'empêche des pays pionniers d'aller plus loin :
- sur la sécurité, à l'exemple du G5, créé sous l'impulsion de Nicolas SARKOZY contre le terrorisme,
- sur la défense européenne, sans laquelle il est vain de parler d'un monde multipolaire,
- sur les règles sociales communes, même si la France est très isolée dans ce domaine.
Quand François MITTERRAND a proposé en 1992 le référendum sur Maastricht, préparé par le Commissaire européen socialiste Jacques DELORS, nous avions, nous les gaullistes, bien des réticences. Pourtant, Jacques CHIRAC a dit oui. Sans lui, le non l'aurait emporté, cela aurait eu comme conséquence, par exemple, que nous aurions raté le virage historique de l'euro !
Et curieusement, je n'ai pas entendu à l'époque les socialistes dirent que l'Europe "Delors" était une Europe ultra-libérale…
A-t'on le droit de tenir un discours quand on est au pouvoir et son contraire quand on est dans l'opposition ?
A chacun de juger.
Pour ma part, je dis clairement que ramener un choix d'intérêt général, d'avenir de la France en Europe et de l'Europe dans le Monde à un choix de tactique électorale est particulièrement misérable. "On ne se forge pas un destin présidentiel sur une crise de l'Europe…"
Qui ne voit pas la montée en puissance de la Chine – 1,3 milliards d'habitants, 10 % de croissance annuelle du PIB –, de l'Inde – 1 milliard d'habitants, 8 % de croissance –, du MERCOSUR, de l'ASEAN, …?
Comment une Europe éclatée, paralysée, impuissante pourra-t'elle peser sur les choix de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et constituer un pole d'équilibre dans le monde ?
Ne voit-on pas le signal désastreux, l'affaiblissement durable de l'Europe et le discrédit pour la France d'un rejet de ce traité ?
Laissons cette responsabilité aux partisans d'une Europe Atlantique, simple zone de libre-échange économique…
Ensemble, disons non à la tentation du non et acceptons de ratifier ce traité constitutionnel. Quant au débat sur le mode de ratification, le choix est entre deux voies démocratiques :
- celle du Congrès, c'est à dire des représentants du peuple,
- celle du référendum.
Ma préférence va au référendum, organisé si possible en même temps partout par nos partenaires européens, ceci afin de ne pas se tromper de débat.
Il appartient au Président de la République, conformément à la Constitution, et à lui seul d'en décider le moment venu.
Allons, un peu de courage !
Et comportons-nous, comme élus ou comme citoyens, en RESPONSABLES ! Ce mot a une part de noblesse, une noblesse qui fait trop souvent défaut à la politique pour rater cette occasion.