Nous sommes heureux que ce soit l'Assemblée nationale, maison du peuple souverain, qui ouvre la voie de ce qui devrait être considéré comme une première étape dans la reconquête de la souveraineté nationale et européenne en matière de technologies de l'information.

Nous espérons que cette décision fera école et donnera le signal d'un basculement progressif mais soutenu des administrations de l'État vers une informatique ouverte, et appelons parallèlement le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie à publier rapidement le décret d'application du Référentiel Général d'Interopérabilité (RGI) avec le même degré d'indépendance que celui dont a fait preuve la questure de l'Assemblée nationale.

Le choix du logiciel libre[1] correspond pour nous à des objectifs qui relèvent de l'intérêt général :

  • la sécurité nationale en ce qui concerne les équipements publics des secteurs sensibles, et la sécurité des systèmes d'information des entreprises grâce à la publication des codes sources ;
  • l'allègement du coût des équipements informatiques publics et le transfert de la valeur ajoutée vers des prestataires francais et européens ;
  • le développement d'une offre concurrente, notamment française et européenne, libre et réellement interopérable, s'appuyant sur une communauté de développeurs particulièrement dynamique en France comme en Europe ;
  • la mobilisation, au service du bien commun, des savoir-faire des chercheurs, des entreprises et d'un nombre croissants d'individus convaincus que « le partage du savoir est un multiplicateur de croissance[2] ».

Nous pensons que les méthodes de travail collaboratif pratiquées par les développeurs de logiciels libres doivent être utilisées par la France et par l'Europe pour gagner notre indépendance sur l'ensemble de la chaîne des technologies de l'information – processeur, "middleware", applicatifs – dont nous savons que leur maîtrise est un enjeu majeur pour notre compétitivité et notre sécurité économique.

La France a récemment proposé à ses partenaires européens un memorandum en faveur de la société de l'information. Nous pensons qu'il faut aller plus loin. Nous avons, en France et en Europe, les chercheurs et les industriels qui nous permettent de relever un défi plus grand.

Nous appelons le Président de la République dont l'ambition pour la France a permis la création de l'Agence pour l'Innovation Industrielle, de l'Agence Nationale pour la Recherche et des pôles de compétitivité, à prendre une initiative en ce sens.


Bernard Carayon[3] - Richard Cazenave[4]


À lire sur le web :

Et sur richardcazenave.com : Bientôt des logiciels libres à l'Assemblée nationale

Notes

[1] Logiciels dont le code source est ouvert, et dont l'utilisation, la modification, l'amélioration et la redistribution sont libres – dénommés FLOSS dans la terminologie de la Commission européenne.

[2] Koïchiro Matsuura, directeur général de l'Unesco, Le Figaro, 27 septembre 2006

[3] député UMP du Tarn

[4] député UMP de l'Isère