L'adieu à un compagnon
Grenoble a eu l'immense honneur en tant que ville compagnon de la Libération de recevoir il y a moins d'un an Pierre Messmer, qui avait succédé au Général de Boissieu comme Chancelier de l'Ordre de la Libération. À cette occasion, Pierre Messmer avait trouvé des mots très forts pour parler de l'engagement, du sacrifice de ceux qui n'ont pas transigé un instant pour servir leur patrie et lui redonner sa liberté et sa dignité.
À ceux qui lui disaient « les hommes comme vous sont des héros », il répondait « les héros sont ceux qui ont donné leur vie, et non ceux qui ont survécu ».
Homme de devoir et de fidélité, il a toujours servi son pays avec le même idéal et la force de ses convictions était encore, à 91 ans, impressionnante de présence et de rayonnement.
J'ai eu la chance de croiser sa route à de nombreuses reprises, notamment lorsque j'étais délégué général en charge des Droits de l'Homme puis des Affaires Étrangères au RPR, où l'ancien Premier ministre venait apporter sa connaissance de l'histoire des peuples, en particulier en AOF où il avait exercé de nombreuses responsabilités.
Plus récemment, Président du groupe d'amitié France-Mauritanie, j'avais eu l'occasion de lui dire combien l'attachement des Mauritaniens à sa personne restait particulièrement fort et vivace ; il m'avait expliqué que c'était là une de ses principales fiertés que d'avoir réussi sa mission comme gouverneur de la Mauritanie.
Jusqu'au bout cet homme, qui a connu tant de responsabilités et qui a reçu toutes les distinctions, est resté un homme simple et vrai, un homme droit attaché aux valeurs humaines les plus fondamentales et les plus authentiques.
Faisons en sorte que sa disparition et celle des derniers compagnons de la Libération ne soit pas le signal d'un abandon de la mémoire et des valeurs qui ont porté ces hommes au service de notre pays, mais qu'au contraire nous nous fassions un devoir de perpétuer dans la France et dans le monde d'aujourd'hui les idéaux qui les ont animés.
Plus d'informations
- Consulter la biographie de Pierre Messmer sur Wikipedia
- Pierre Messmer, compagnon de la Libération (sur le site de l'Ordre de la Libération)
Commentaires
Ou sont ils aujourdhui les hommes de cette carrure en France? Avec eux linfluence de la France était étendue dans le monde entier. Mais je vous parle dun temps.
... d'un temps où le mot Honneur avait une signification ...
Merci Richard.
Cette disparition m'a touché, et je suis soulagé de pouvoir témoigner sur un blog (le votre en particulier)
Un militaire exemplaire, un politique courageux. Un homme dévoué à son pays et dont l'action était guidée par des convictions.
Il est vrai qu'aucun homme politique moderne n'est fait de la trempe de ces hommes là.
Enfin, il était l'un des derniers gaullistes. Tout les usurpateurs du gaullisme le pleureront surement, et certains se reclameront de lui.
La France lui rends hommage, moi je vous fais seulement part de ma tristesse et de mon respect.
Franc Tireur
C'est vrai Pierre Messmer était une personne de conviction et
entier.La seule fois ou je l'ai vu perdre son sang froid était ce
jour ( en tant que Premier Ministre ) après un conseil il avait
affirmé " LIP c'est fini , c'est fini ... " en tapant du pied par
terre.
Je m'associe à votre peine et souhaite des hommes politiques
de sa trempe.
Bon courage pour votre reconquête au sein de l'UMP 38.
Pierre
Quand j'ai appris que Pierre Messmer s'en était allé, ça m'a fait un drôle d'effet.
En Afrique dans de nombreuses cultures on pleure davantage la mort des anciens que des enfants, car c'est la connaissance et l'expérience qui s'en vont avec eux.
C'est un peu ce que j'ai ressenti, avec en plus l'impression d'avoir un poids supplémentaire sur ma conscience de petite citoyenne française : perpétuer les idéaux, les valeurs, les convictions qu'ils nous a transmis en essayant d'avoir sa force et son courage. Je sais que je ne suis pas seule à ressentir ce devoir, mais il me semble que nous ne serons jamais trop nombreux à tâcher humblement de faire honneur à sa mémoire.
Comme Franc Tireur, je vous fais part moi aussi de ma tristesse et de mon respect.