Fin de session émouvante à l'Assemblée nationale aux questions d'actualité de mercredi, chacun semblant faire ses adieux.

Le Président Jean-Louis Debré a déclaré que cette Présidence aura été l'honneur de sa vie, suscitant un hommage de l'ensemble de l'Hémicycle :

« M. le Président – Nous abordons la dernière séance de questions au Gouvernement de cette législature. Permettez-moi de remercier chacune et chacun d’entre vous et de vous adresser mes vœux. Présider l'Assemblée nationale aura été, je le dis très simplement, l’honneur de ma vie. (Mmes et MM. les députés et les membres du Gouvernement se lèvent et applaudissent) »[1]


Même émotion fait d'une grande sobriété dans la réponse du Premier ministre à la question en forme de bilan de la législature posée par le Président du groupe UMP Bernard Accoyer :

« M. Bernard Accoyer – À quelques heures de la fin de cette législature, il est bon de mesurer le chemin parcouru depuis cinq ans. (...) Nous avons trouvé en 2002 un pays où le chômage augmentait sans discontinuer depuis un an (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains), où le pouvoir d’achat était bloqué par l’application des 35 heures (Mêmes mouvements), où les régimes sociaux étaient menacés parce que le gouvernement précédent avait renoncé à réformer, où l’insécurité avait explosé, où la dépense publique s’était emballée et où la construction stagnait (Mêmes mouvements).

Sous l’impulsion du Président de la République, des réformes essentielles ont été conduites dans tous les domaines par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, puis par le vôtre, Monsieur le Premier ministre (Interruptions sur les bancs du groupe socialiste) : l’emploi a été stimulé et le chômage a baissé fortement depuis deux ans ; le pouvoir d’achat s’est accru grâce à la hausse du SMIC et de la prime pour l’emploi, mais aussi grâce à la réduction de l’impôt sur le revenu. (« La question ! » sur les bancs du groupe socialiste) ; les régimes sociaux ont été sauvés par la réforme des retraites et de l’assurance-maladie, cependant qu’était adoptée une loi sur les droits des personnes handicapées (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains) ; la dépense publique a été maîtrisée depuis cinq ans (Mêmes mouvements), ce qui nous a permis de commencer à réduire la dette ; la sécurité, enfin, a été restaurée.

Notre situation a donc radicalement changé. Il reste certes beaucoup à faire (Mêmes mouvements), mais le bilan de ce quinquennat, celui de Jacques Chirac et de cette majorité, est sans doute le plus imposant de la Ve République. Nous pouvons en être fiers ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)

Vous avez indiqué, Monsieur le Premier ministre, que vous comptiez agir pour la France jusqu’au dernier jour de cette législature, et nous vous en remercions. Pouvez-vous nous indiquer comment vous entendez conforter ce bilan dans les semaines à venir ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)

M. Dominique de Villepin, Premier ministre – Au terme de cette session parlementaire, permettez-moi de remercier chacune et chacun d’entre vous : le président Debré pour son exigence républicaine, Bernard Accoyer et la majorité pour leur constant soutien au Gouvernement, mais aussi l’opposition pour la place qu’elle a tenue dans nos débats. Elle a joué son rôle, indispensable au bon fonctionnement de notre démocratie.

Notre pays a été remis sur les rails sous l’impulsion du Président de la République. Les chiffres sont en effet éloquents : le chômage est passé de 10,2 à 8,6 % en deux ans et la croissance de 1,6 à plus de 2 % (Interruptions sur les bancs du groupe socialiste). En deux ans, l’endettement public a diminué de deux points et le déficit budgétaire a été réduit de 20 milliards, soit 20 milliards supplémentaires pour les Français !

Il est vrai que le Gouvernement a traversé des épreuves – la crise des banlieues, le contrat première embauche (…) mais nous n’avons jamais baissé les bras. Face à la crise des valeurs, nous avons défendu l’égalité des chances, nous avons lutté avec acharnement contre les discriminations et nous avons refondé l’éducation prioritaire. Face au chômage des jeunes, nous avons réformé le service public de l’emploi, amélioré l’orientation et renforcé le lien entre l’université et l’emploi.

De tous ces combats livrés ensemble, permettez-moi de tirer quelques leçons personnelles, à quelques semaines d’échéances décisives pour notre pays. Nous sommes tous ici différents, par nos origines, nos sensibilités et nos engagements. Une telle diversité doit rester une force et ne doit pas se perdre dans des affrontements stériles. Continuons à avancer vers une démocratie du respect et de la responsabilité, qui fait de l’action et des résultats une exigence quotidienne. C’est pour cela que j’ai choisi de me consacrer entièrement et jusqu’au dernier jour à la mission qui m’incombe.

Mais nous avons également besoin d’une démocratie qui ne transige pas avec les principes fondamentaux de la République – tolérance, laïcité et humanité – et qui ne se contente pas de consensus limités aux questions de défense et de politique étrangère : sur des sujets aussi cruciaux que l’emploi, la sécurité et le désendettement, faisons preuve de réalisme et de pragmatisme. Et surtout ne nous divisons pas : l’intérêt national l’interdit dans un monde dont les changements exigent toujours plus de détermination et de volonté de notre part.

Lorsque je me suis exprimé pour la première fois devant vous en qualité de Premier ministre, voici deux ans, je m’étais fixé deux objectifs : défendre l’action politique au lendemain du référendum européen et permettre à notre pays de regarder à nouveau en face son avenir, en Europe et dans le monde. Fort du chemin parcouru, je l’affirme solennellement : il n’y a pas de fatalité. L’action politique peut changer la donne quand elle est au service de la République et de la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP) »[2]


La session n'était pas terminée pour autant, puisque le texte sur le droit au logement opposable était toujours en discussion et que des commission mixtes paritaires doivent également intervenir prochainement. Et avec Edouard Balladur, président de la commission des affaires étrangères à laquelle j'appartiens, nous recevions cet après-midi Benyamin Netanyahu en visite à Paris. L'ancien Premier ministre d'Israël semble être actuellement à droite le favori des sondages. Il est venu nous exposer son analyse de la situation en Iran et des relations Israël-Palestine.

Nous aurons l'occasion de reparler de tous ces sujets.

Notes

[1] extrait du compte-rendu analytique provisoire - déclaration du Président

[2] extrait du compte-rendu analytique provisoire - questions au gouvernement