Sécurité

Comment s'assurer que l'ordinateur de vote fonctionne correctement et qu'il accomplit convenablement le traitement des votes ? Il faudrait pour cela disposer du code source du programme. Or les constructeurs le gardent secret, prétextant le secret industriel et la sécurité du fonctionnement de la machine.

Mais on sait bien, avec le développement des logiciels libres et open-source, que la divulgation du code source n'entache pas la sécurité d'un programme si celui-ci a été correctement conçu. Et le secret industriel devrait dans tous les cas s'effacer devant la confiance totale que suppose le processus démocratique.

Les incidents de sécurité avec les ordinateurs de vote, notamment aux États-Unis, n'encouragent pas cette confiance. Les électeurs de Floride en gardent un souvenir plutôt amer.

Anonymat

Les ordinateurs de vote sont équipés de lecteurs de cartes à puces afin d'authentifier le votant et de prévenir les fraudes de bourrage des urnes (un inscrit ne peut voter qu'une seule fois).

Mais que devient alors l'anonymat du vote ? Comment s'assurer qu'on ne pourra refaire le lien entre un inscrit et son vote ?

Certains systèmes sont même équipés pour imprimer une sorte de reçu que l'ordinateur délivre à l'électeur au moment du vote, afin de lui assurer que le bon vote a bien été enregistré ; ce reçu permettrait également de recompter les votes en cas de litige. Mais le non-respect de l'anonymat par cette procédure a contraint l'État de Pennsylvanie (US), qui avait commandé cette fonctionnalité, à demander à son prestataire de la désactiver...

Écologie et économies

S'il est vrai que le vote électronique permet d'économiser le papier, il n'en a pas moins des retombées sévères sur l'environnement : les ordinateurs sont des équipements très complexes à recycler et très polluants.

De plus, l'impression des bulletins de vote n'occupe qu'un poste accessoire des dépenses d'organisation d'un scrutin. La supprimer ne faciliterait guère financièrement la multiplication des consultations.

Confiance dans le processus démocratique

Le dépouillement a un rôle fondamental dans nos institutions : il est la garantie, pour les citoyens, que le processus démocratique est fiable et qu'ils peuvent vérifier son intégrité en dépouillant les bulletins ou en assisant à cette opération.

Le vote électronique supprime toute notion de vérification par les citoyens. En effet, quel citoyen serait capable de vérifier avec certitude que l'ordinateur n'a pas été victime d'une attaque visant à faire un report de votes ? Le concepteur même ne peut garantir cela...

Alors que nos concitoyens boudent leurs institutions, il me paraît inconséquent de leur donner de nouvelles raisons de ne pas se rendre aux urnes.

Résultats immédiatement connus

Le seul avantage réel de ces ordinateurs demeure donc de connaître instantanément les résultats. Mais vu les problèmes soulevés précédemment, cela supposerait que le votant mettrait un bulletin dans l'urne, et informerait ensuite l'ordinateur de son vote... Procédure contraignante pour un avantage bien maigre, alors que les estimations sont aujourd'hui très fiables.

Plusieurs rapports ont déjà été publiés sur le sujet, afin d'alerter les démocraties sur les risques induits par le remplacement des urnes traditionnelles par des machines à voter.

J'en retiens qu'il n'existe aujourd'hui aucun processus électronique valable, car aucun n'est en mesure d'apporter aux citoyens au minimum les mêmes garanties que le vote papier. J'espère donc que les conseillers municipaux grenoblois sauront faire preuve de sagesse et refuseront que la ville procède à l'acquisition de ces machines.


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